ENTREVISTAS
A EGIPTÓLOGOS
BÉATRIX
MIDANT-REYNES
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ENTREVISTAS A EGIPTÓLOGOS ESPAÑOLES EN RTV ASADE -
16/09/05
Entrevista
con Béatrix Midant-Reynes. L'archéologie explique l'essor de l'Egypte
Béatrix Midant-Reynes vient de présider un colloque international sur
l'Egypte prédynastique. Elle pose pour nous les enjeux scientifiques de sa
discipline.
Nous sommes en France passionnés par l'Egypte pharaonique mais nous connaissons mal sa préhistoire. Pourquoi ?
Les recherches archéologiques en Egypte ont longtemps souffert de la richesse des vestiges de la civilisation égyptienne, il y avait tant à
faire. Par comparaison, l'étude de la préhistoire française a pu se développer tôt, car il n'y avait pas de grand foyer culturel qui jetait son
ombre sur son passé. Dès le début de l'égyptologie, on savait tout de même
qu'il faudrait s'intéresser à l'origine de cette civilisation. Depuis un
siècle, la modernisation des techniques y a contribué et les progrès continuent.
Quelle place occupe la proto-Egypte par rapport à la dynastie ?
A peu près partout dans le monde, les hommes sont devenus des producteurs
par la domestication de la nature, mais seulement cinq civilisations historiques, dont
l'Egypte, ont franchi l'étape qui mène à des Etats primaires. On retrouve des similarités avec les civilisations des grands
fleuves comme la Chine ou l'Indus alors qu'elles ont émergé en parallèle en
s'ignorant. La Mésopotamie et l'Egypte ne se sont rencontrées qu'à la fin de
leur développement. La vallée du Nil se distingue toutefois par la vitesse
de son essor, moins d'un millénaire. L'étude de cette pré-dynastie revêt
donc une grande importance. Car contrairement à ce qu'a bien voulu croire la
science du XIXe siècle, la civilisation égyptienne n'a pas été importée par
des migrations de populations venues d'Orient. Cette vision raciale qui collait bien
avec les thèses colonialistes de l'époque n'a plus lieu d'être. Nous savons qu'elle doit autant au développement des populations autochtones
qu'aux influences extérieures.
Comment explique-t-on que la vallée du Nil ait accompli tardivement sa
néolithisation pour finalement doubler si vite ses concurrents ?
Les populations locales sont passé au néolithique au Ve millénaire alors que
le Proche-Orient avait déjà amorcé sa transition. Nous pensons que la vallée
offrait des conditions particulièrement « confortables », au rythme du cycle
des crues du Nil, qui ne poussaient pas ses habitants à opter pour une économie de production,
plus contraignante que la chasse, la pêche et la cueillette. La région a alors connu un assèchement qui a poussé les
populations du désert vers le Nil, entraînant une pression démographique.
Nous pensons que ces riverains du Nil ont alors su profiter d'une «
néolithisation clefs en main » grâce à des contacts avec le Proche-Orient et
le Sahara. Par contre, c'est le jeu social qui a réalisé la transition vers
l'Etat monarchique en favorisant les inégalités et la fabrication d'une élite et
d'une hiérarchie. Les cultures céréalières ont par exemple permis le stockage et donc l'avènement d'une économie servant l'appropriation du
pouvoir par des réseaux familiaux puis par les chefferies. Cette complexification de la société se vérifie sur le terrain par la présence
d'artisanats spécialisés, attestant que des privilégiés avaient les moyens
de détourner des individus du travail de subsistance pour leur créer des
biens de prestige.
L'égyptologie, science des manuscrits, s'appuie sur les hiéroglyphes. Quels
sont les vôtres ?
Nous devons tout ce que nous avons appris jusqu'ici aux sites funéraires.
L'archéologie fait appel à de nombreuses spécialités scientifiques pour
analyser tous les indices, comme sur le lieu d'un crime. Un médecin légiste
avait même trouvé des traces d'égorgement sur des restes humains. Certains
chercheurs s'intéressent à l'étude de l'ADN fossile qui nous a permis de
retrouver le bacille de la tuberculose. D'autres reconstituent l'environnement, les paysages ou la paléoclimatologie de
l'époque. Les carpologues, qui analysent les graines, travaillent aux côtés des
spécialistes de la poterie ou de la taille des silex. Nous travaillons aussi
avec les ethnologues pour avoir des comparaisons avec différentes sociétés.
Quels sont les nouveaux chantiers de votre discipline ?
Au-delà des sites funéraires, nous cherchons à connaître l'habitat de la
proto-Egypte et la vie quotidienne. La présence d'ADN nous ouvre aussi la
possibilité d'étudier les peuplements. De manière générale, l'archéologie
progresse grâce aux nouvelles technologies ou à l'amélioration des datations. Les fouilles sont aussi menées
avec plus de rigueur. Nous exploitons tous les vestiges possibles et nous nous inquiétons de la
sauvegarde des sites. L'urbanisation augmente les découvertes mais menace
ensuite leur préservation. L'Etat égyptien en prend conscience mais il est
bien sûr tiraillé par les considérations économiques.
Fuente: Les echos.fr
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